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Enquêtes collectives et formats inventifs

Comment créer des espaces de co-enquête pour inventer de nouvelles formes de description et renouveler les prises sur des problèmes publics ?

En alliant sciences sociales et design, dans la lignée des STS et du pragmatisme, nous considérons que les problèmes émergent et se transforment à travers l’interaction entre acteur·ices, objets et méthodes de recherche. Pour mieux les appréhender, notre équipe (designers, sociologues, artistes, politologues, sémiologues) conçoit des formats expérimentaux estompant la frontière entre enquêteur·ices et enquêté·es.

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Pour bien décrire, il faut intervenir et se soucier des conséquences.

La circulation de la parole médiée par les plateformes en ligne ; l’utilisation des intelligences artificielles dans les pratiques de travail ; la prise en compte de la nature liminaire dans les milieux urbains ; la pression humaine sur les écosystèmes marins et côtiers ou encore le dénombrement de décès liés à des crises humanitaires : autant d’objets qui suscitent des troubles individuels et des problèmes publics que notre équipe s’efforce de décrire et d’explorer. Dans le sillage de la sociologie pragmatiste, nous prolongeons le geste initié par le livre-exposition Making Things Public de Bruno Latour – fondateur du médialab –, en considérant la problématisation de ces objets comme le fruit d’une co-construction dynamique à redistribuer entre les mondes académiques et les mondes sociaux.

En dialogue avec les méthodes numériques que le médialab développe pour retracer les phénomènes sociaux, nous intervenons sur les terrains.  On y aménage des espaces d’expérimentation où la frontière entre “enquêteur·ices” et “enquêté·es” s’estompe. Nous incitons ainsi les personnes concernées à devenir co-enquêtrices et opératrices critiques de leurs propres pratiques, enjeux et préoccupations. Collectivement, nous redéfinissons en permanence l’échelle, la temporalité et les modalités de prise en charge des problèmes que nous étudions.

Dans cet esprit, la caractéristique majeure de notre approche réside dans l’articulation soignée entre des méthodes stabilisées des sciences sociales (ethnographies, entretiens, analyse de données) et le design de formats adaptés à chacune de nos situations de recherche : expositions, jeux, cartographies, fanzines, catalogues, montages vidéo, etc. Pour éviter l’écueil de la reproduction des discours dominants, amplifiée à la fois par les dysfonctionnements accrus et la normalisation progressive des espaces numériques, nous élaborons des environnements expérimentaux pour y déployer deux gestes risqués : confronter les traces numériques aux expériences sensibles des mondes qu’elles sont censées décrire ; et produire des comptes-rendus de ce qui échappe à l’inscription numérique. Autrement dit, au lieu de mobiliser toutes nos ressources pour comprendre  « ce que les données disent des acteur·ices », notre pratique tente de faire exister un laboratoire ouvert, où « les données font parler les acteur·ices ».

Nous travaillons avec une variété de partenaires, allant d'associations non lucratives comme Emmaüs Connect à des initiatives philanthropiques menées par des leaders technologiques tels que Google.org. Nos recherches, financées par des programmes internationaux comme ORA et nationaux comme l’ANR, dépassent souvent le cadre académique traditionnel, notamment à travers des résidences dans des lieux emblématiques tels que la Cité des Sciences, la Poudrerie Théâtre des Habitants à Sevran, le ZKM à Karlsruhe ou le HKV à Berlin.