Des loups dans la cité : éléments d’écologie pragmatiste
Marc Mormont, Antoine Doré, Bruno Latour
Publications – Thesis
Les politiques contemporaines sont marquées par des bouleversements écologiques qui interrogent la place à accorder à une liste toujours plus longue et hétérogène de prétendants à la vie publique. Cette thèse propose un examen empirique d’une telle dynamique à partir du cas de la mise en politique des loups en France. En traçant les multiples manières dont les loups interpellent ceux et ce qui les entourent, en décrivant les agencements hybrides d’humains et de non-humains qu’ils forment et transforment sur leur passage et en prêtant attention aux différentes manières dont les acteurs affectés prennent en charge les situations générées par ces animaux, il s’agit d’identifier et de suivre, pas à pas, des portions importantes de quelques-unes des trajectoires qui composent la carrière politique des loups. Cette recherche montre alors comment des scientifiques, des juristes, des publics, des représentants de l’État, des journalistes, etc., mais aussi les loups eux-mêmes, composent ces trajectoires spécifiques marquées par des pratiques, des temporalités, des spatialités, des matérialités particulières. L’analyse révèle comment la présence publique des loups est instaurée par la science, le droit, l’État, etc. Elle rend compte également réciproquement de la manière dont la science, le droit, l’État, etc., s’inventent et se transforment à travers les loups. Cette thèse propose finalement un compte rendu synthétique et réaliste des modalités de construction d’une politique des loups et vise à éclairer deux questions plus générales : dans quel sens peut-on parler des implications politiques de la nature et en quoi cela nous invite-t-il à changer nos habitudes de description et d’aménagement de la vie ensemble ?