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Silicon valley

Cette séance de TransNum propose d’interroger les dimensions historique, économique, culturelle et géopolitique qui ont contribué à faire de la Silicon Valley un modèle planétaire.

Event, TransNum Seminar

Sous le nom de Silicon Valley, le petit territoire qui s’étend autour de la route menant de San Francisco à San José est devenu la marque d’un écosystème d’innovation que le monde entier cherche à dupliquer. 

Dans l’esprit du séminaire TransNum, les interventions proposeront des regards disciplinaires différents sur ce petit morceau de Californie.

Programme

Recherche et innovation dans la Silicon Valley par Christophe Lecuyer (LIP6, UMR 7606 Sorbonne Université - CNRS)

La Silicon Valley est une des régions les plus innovantes dans le monde. Cette innovativité est habituellement expliquée par la proximité de Stanford et Berkeley et par une structure industrielle en réseau. Cette présentation démontre que les clefs de l’innovation technique et industrielle dans la Silicon Valley sont plutôt à chercher auprès de trois facteurs : des investissements colossaux provenant souvent du reste des États-Unis et de l’étranger ; un paysage institutionnel très spécifique ; et des compétences techniques et managériales d’une grande richesse et d’une grande diversité. Ces atouts ont permis aux entreprises de la Silicon Valley d’exploiter les potentialités ouvertes par la loi de Moore et les avancées techniques et scientifiques faites dans d’autres régions. Ils leur ont aussi permis de créer et dominer de nouvelles industries.

Les influenceurs de la Silicon Valley. Faire profession des révolutions technologiques par Olivier Alexandre (CIS, CNRS) et Samuel Coavoux (Orange lab)

La Silicon Valley a été présentée au cours des dernières années comme un modèle économique, culturel et politique. Ce modèle a suscité des critiques croissantes au sein et en dehors de l’industrie des hautes technologies. Dans la continuité des travaux sur la dimension symbolique du capitalisme, on reviendra sur la cohérence du projet normatif de la Silicon Valley dans un contexte de controverses. Pour y parvenir, on s’appuiera sur le suivi prosoprographique des personnalités les plus populaires sur Linkedin et Twitter au sein de la Silicon Valley, une analyse lexicométrique d’un corpus de leurs messages et une enquête ethnographique au sein de la région. On proposera sur cette base une morphologie sociale des influenceurs de la Silicon Valley ; on soulignera la cohérence de discours qui lie promotion et autopromotion via les outils numériques d’une part, réussite entrepreneuriale et progrès universel d’autre part. Enfin, on évoquera, la positivité des discours, dans leur forme et leur contenu, et leur étanchéité aux critiques dont a fait l’objet la Silicon Valley au cours des dernières années.

Le coq et la licorne, la « French Tech » ou les avatars d’une « startup nation », par Denis Lacorne (CERI, Sciences Po, CNRS)

Le concept même de startup nation est un oxymore puisqu’une startup est une entreprise en hypercroissance qui cherche à s’implanter sur les plus grands marchés du monde : les Etats-Unis, la Chine, le Japon. Une startup qui réussit ne peut donc être un « champion national », comme l’étaient auparavant les grandes entreprises innovantes encouragées par le général de Gaulle avec le Concorde, par exemple, ou le Minitel, lancé sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Une startup qui réussit n’a pas de frontière et vise à intégrer l’économie globale du monde numérique. Son siège social pourra rester en France mais l’implantation des centres de recherches, de management et de marketing sera mondiale avec une forte présence dans la Silicon Valley, à Palo Alto ou à San Francisco. Si par startup nation on entend une économie dynamique qui crée des licornes et qui s’impose dans le numérique et dans les domaines de l’intelligence artificielle, la France est bien une startup nation. Dans un entretien accordé aux Echos (6 janvier 2015), Emmanuel Macron révélait une ambition immense : « L’économie du Net est  une économie de superstars. Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires [...] Il faut que les start-ups d’aujourd’hui préfigurent le CAC 40 de demain ». Mais notre pays, contrairement au rêve de nos dirigeants politiques n’est pas un « premier de cordée » : six licornes seulement existaient en France en décembre 2019, contre seize au Royaume Uni, quarante pour l’ensemble de l’Europe et 178 aux Etats-Unis. En France, comme l’affirmait l’un de mes interlocuteurs, « l’État donne trop d’aides. Il babysit les entrepreneurs, sans trop de sélection ». Mais dès qu’il s’agit d’investir des sommes importantes pour faciliter l’éclosion d’une licorne, il n’y a plus personne : les capitaux risqueurs du secteur privé sont absents et l’État continue son saupoudrage des aides pour aider le plus grand nombre, au détriment des plus prometteurs.

Discussion par Stéphane Distinguin

Stéphane Distinguin est un entrepreneur français à l’origine de plusieurs entreprises opérant dans la Silicon Valley : Fabernovel, af83 du nom du numéro de vol d’Air France entre Paris et San Francisco, Parisoma qui a été le deuxième coworking space (tiers leu) créé à San Francisco et à ce jour celui qui est resté le plus longtemps en exercice (2007-2020). Son premier séjour dans la Silicon Valley date d’avril 2006 quand Paris et son maire souhaitaient s’inspirer de Mountain View où Google avait lancé un réseau wifi gratuit dans toute la ville. Il est convaincu que le 21è siècle sera californien. 

Informations pratiques

Compte-tenu des  mesures de distanciation physique toujours en vigueur à Sciences Po, la  présentation se fera en ligne sur la plate-forme Zoom.

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