Production et circulation des savoirs scientifiques sur les sources de pollution de l’air à Accra et Delhi.

Résumé

Selon l’OMS, la pollution de l'air représente le principal risque environnemental pour la santé. Elle affecte plus particulièrement et plus sévèrement les populations des villes du Sud où les réglementations environnementales demeurent faibles, voire inexistantes, et les politiques sectorielles visant à limiter les émissions polluantes peu efficaces. Dans cette communication, Jessica Pourraz propose d’analyser à Delhi et Accra, deux agglomérations confrontées aux défis du développement, les conditions de production de savoirs causaux rattachant la pollution de l’air à des activités humaines en s’intéressant aux types d’acteurs et aux ressources qu’ils mobilisent et à la manière dont ces savoirs circulent et sont utilisés. Elle s'attachera plus spécifiquement à analyser la façon dont la production de ces savoirs peut être empêchée, voire même ignorée, reflétant différentes formes de production d’ignorance et contribuant à une construction particulière, si ce n’est à une non-construction du problème. Cette contribution est tirée d’une recherche postdoctorale en cours (2021-2023) conduite à Accra et Delhi et financée par l’Institut Francilien Recherche Innovation en Société (IFRIS). Elle se fonde sur une méthodologie qualitative comprenant des observations directes et participantes, ainsi que des entretiens semi-directifs conduits à Delhi (N=37) et Accra (N= 35) entre août 2021 et mai 2022 auprès d’universitaires, d’experts, d’ingénieurs travaillant pour des startups, de fonctionnaires des municipalités d’Accra et de Delhi, ainsi que d’agents publics des ministères du transport, de l’environnement et de la santé.

Iframe https://player.vimeo.com/video/758690927?h=8ea8591fe8

Biographie

Jessica Pourraz est titulaire d'un doctorat en sociologie (2019) de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) à Paris. Ses recherches portent sur les questions liées à la science, la biomédecine, l'environnement et la santé. Sa thèse réalisée dans le cadre du programme interdisciplinaire "Globalmed" (Artemisinin-based combination therapy: an illustration of the global pharmaceutical drug market in Asia and Africa), financé par l'ERC, portait sur la régulation pharmaceutique et la production locale de médicaments au Ghana et au Bénin. De 2019 à 2021, elle a été chargée de recherche contractuelle au Centre Émile Durkheim-Université de Bordeaux dans le cadre du programme de recherche "Anthropo-Phages" (Des virus pour soigner : le difficile développement d'une innovation biomédicale contre-intuitive) financé par l'ANR. Elle a analysé comment les diverses législations liées aux phages en Europe ont conduit à des modèles spécifiques de développement et de production de cette thérapie innovante. Depuis 2021, elle est chargée de recherche postdoctorale à l'IFRIS (Institut pour la recherche et l'innovation dans la société), en acceuil au CEPED (Centre Population et Développement, IRD-Université Paris). Ses recherches actuelles portent sur les effets de la pollution de l'air sur la santé dans les villes du Sud (Delhi en Inde et Accra au Ghana), qu'elle explore à l'intersection de l'anthropologie de la santé, des études des sciences et des technologies (STS) et de la sociologie politique de l'action publique. Plus largement, ses recherches sont partie prenante du projet de recherche "Globalsmog" financé par l'ANR (Tackling air pollution in the cities of the global south : a comparative analysis of governance challenges, lessons and prospects).