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Inégalités sociales et participation numérique

Cette séance de TransNum propose de discuter de l'inégale distribution des ressources et des opportunités dans nos sociétés "connectées".

Event, TransNum Seminar

Salle Corporate 13 rue de l'Université, 75007 Paris

Les dispositifs d'information, d'expression  et de mobilisation numérique contribuent-ils à modifier la distribution  inégale des ressources et des opportunités dans nos sociétés ?
Trop générale pour être tranchée, cette question a suscité des réponses  très diverses. Après avoir été crédités d'une capacité d'ouverture de la  structure sociale à de nouveaux acteurs, il apparaît de plus en plus  que les dispositifs numériques contribuent à reproduire, ou à amplifier,  les inégalités préexistantes. Fidèle à son ambition de transversalité,  cette séance de TransNum propose de discuter cette question à travers  trois angles différents, celui de l'activisme politique (Jen Schradie),  de l'accès la l'information politique (Thierry Vedel) et de la  sociabilité en ligne (Dominique Pasquier). Cette séance permettra aussi  de mieux décrire ce que l'on entend dans des contextes différents par  inégalités et d'interroger les mécanismes dont elles procèdent.

Programme

The  Digital Activism Gap: The Myth of Egalitarianism and the Internet's  Hidden Costs " par Jen Schradie (Enseignante-Chercheuse, Sciences Po,  OSC, CNRS)"
The internet has been hailed as a leveling force that is reshaping  activism. From the Arab Spring and Occupy Wall Street to Black Lives  Matter and #MeToo, digital activism seemed cheap, fast, and open to all.  Now this celebratory narrative finds itself competing with an  in­creasingly sinister story as platforms like Facebook and Twitter—once  the darlings of digital democracy—are on the defensive for their role  in promoting fake news. While hashtag activism captures headlines,  conservative digital activism is proving more effective on the ground.  Schradie’s talk, based on her book, The Revolution That Wasn’t: How  Digital Activism Favors Conservatives (Harvard University Press)  identifies the reasons behind this previ­ously undiagnosed  digital-activism gap. Large hierarchical political organizations with  professional staff can amplify their digital impact, while horizontally  organized volunteer groups tend to be less effective at translating  online goodwill into meaningful action. Not only does technology fail to  level the playing field, it tilts it further, so that only the most  sophisticated and well-funded players can compete.”
 

“Les petits mondes de la sociabilité populaire sur Facebook”  par Dominique Pasquier (Directrice de recherche émérite CNRS, CERLIS,  Université Paris Descartes)
À partir d’une enquête par entretiens menée  auprès d’employés des services à la personne, et d’une analyse des  échanges et des liens partagés sur des comptes Facebook d’ouvriers et  d’employés, la présentation s’intéressera à un paradoxe : Facebook  apparaît être à la fois un support fort d'intégration familiale et en  même temps un révélateur des fragilités relationnelles des milieux  populaires vis à vis du monde extérieur. On peut se référer à l'ouvrage  issu de cette recherche: "L'internet des familles modestes. Enquête dans la France rurale" Paris, Presses des Mines 2018.”
 

“Sommes-nous égaux devant l’information politique ?” par Thierry Vedel (CEVIPOF, Sciences Po, CNRS)
Comment les pratiques informationnelles des Français en matière  politique ont-elles évolué au cours de la dernière décennie alors que  les canaux et sources d'information se multipliaient et se  diversifiaient avec le développement de l'internet et des chaînes de  télévision numérique ? Quels sont les facteurs qui jouent sur  l'exposition à l'information politique et son échange ? Le web et les  réseaux sociaux ont-ils contribué à égaliser l’accès et la participation  à l’espace public ? En s'appuyant sur l’enquête Mediapolis (2009, 2012,  2014, 2017) et les enquêtes électorales du CEVIPOF (et tout  particulièrement le Panel électoral français qui repose sur un  échantillon initial de 20 000 individus), Thierry Vedel montrera que  l’utilisation de l’internet à des fins politiques n’est pas également  distribuée dans la population française. Elle reste structurée par deux  facteurs : le niveau d’études et surtout l’intensité de la politisation  (intérêt pour la politique + proximité avec les partis politiques). Le  rapport à l’information politique en ligne est également conditionné par  de forts mécanismes d’exposition sélective comme il a été établi à  l’aide d’un dispositif expérimental conduit par le CEVIPOF et le  médialab lors de l’élection présidentielle de 2017 qui rappelle que nous  voyons ce que nous croyons (et non l’inverse). Enfin, alors qu’on a  souvent espéré que l’internet pourrait accroître la participation  politique des jeunes générations, Thierry Vedel soulignera les effets  paradoxaux de l’âge sur les pratiques informationnelles en ligne en  analysant les rapports très distincts que les électorats les plus jeunes  (ceux de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen) entretiennent avec  l’internet politique.

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