Avec qui penser le changement en agriculture ? (Postface)
Alexis Aulagnier, Lidia Chavinskaia, Lucile Garçon, Aymeric Luneau, Sergio Dario Magnani, Lucile Ottolini, Nicolas Prignot
Dans ce chapitre nous proposons un retour critique sur les débats qui ont traversé le colloque qui s'est tenu au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle du 16 au 22 septembre 2019. Intitulé « Sciences Techniques et Agricultures », le colloque s'est ouvert sur l'expression d'une volonté de répondre aux « grands défis sociétaux » et de contribuer aux « transformations des mondes contemporains ». Doublée d'une interrogation quant aux possibilités et aux manières de le faire en tant que chercheurs s'intéressant à l'agriculture, l'introduction des organisateurs a été largement partagée par leurs invités. Agronomes, écologues, zootechniciens, sociologues, anthropologues, économistes, philosophes, biologistes, juristes et politistes ont présenté et débattu de leurs travaux durant une semaine marquée par l'ambition de concourir au changement et par des préoccupations quant au sens du métier de chercheur. Ce colloque de Cerisy a consisté en plusieurs journées de discussions, certaines dans l'enceinte du château éponyme, d'autres hors les murs. Ces déplacements visaient à ouvrir des espaces de dialogue permettant de penser la place des sciences et des techniques en agriculture par-delà les frontières du monde académique. Toutefois, que ces échanges aient eu lieu entre nous (invités au colloque) ou avec d'autres (agriculteurs, enseignants et élèves d'un lycée agricole voisin, entrepreneurs d'innovation), qu'ils se soient tenus dans un des bâtiments du château, dans la cour d'une ferme, dans un hall technologique ou dans l'amphithéâtre du lycée, il n'a pas toujours été facile d'engager une conversation, c'est-à-dire de créer une relation sociale permettant d'articuler différentes visions du monde [Haraway, 1988].