À quoi tient la crédibilité des données citoyennes ? L’institutionnalisation des capteurs citoyens de pollution de l’air en Californie
François Dedieu, Sylvain Parasie
Pour de nombreux activistes à travers le monde, le déploiement de capteurs numériques, à l’échelle du quartier ou de l’habitation, apparaît comme un moyen de combler les failles de la surveillance officielle de la qualité de l’air. Mais à quelles conditions les « données citoyennes » ainsi produites sont-elles crédibles aux yeux des autorités officielles ? Cet article étudie trois associations californiennes, dont les membres co-construisent des protocoles de mesures avec l’autorité de régulation environnementale (EPA) et des universitaires. Nous soutenons que la crédibilité des mesures produites par les capteurs citoyens du point de vue des autorités dépend a minima des deux conditions suivantes : (1) que les instances scientifiques et réglementaires en viennent à considérer les capteurs citoyens comme des dispositifs de connaissance et de gouvernement ; (2) que militants, scientifiques et régulateurs s’engagent dans la mise en place d’une infrastructure partagée qui soit susceptible de réduire les tensions entre les différents acteurs engagés.