Articuler les temps et les présences de la nature urbaine : une méthode contemporaine
Alessia de Biase, Donato Ricci
Le terme « nature urbaine » a constitue pendant longtemps un oxymore dont !'opposition s'est au fur et a mesure attenuee. La nature urbaine est desormais pen;ue comme l'entremelement d'objets aussi bien biolo-giques, chimiques, geologiques, sociaux que technologiques, liant tout a la fois humains et non-humains, espaces urbains et non-urbains. Au sein de ce systeme, un vaste champ d'experimentations s'est developpe et devoile le plus souvent a travers des imaginaires verts : la nature est par exemple souvent utilisee comme une strategie esthetique, donnant !'impression que la ville l'integre (et s'y integre) garantissant ainsi les meilleures conditions de vie, ou encore.comme une solution technique qui diminue l'effet des « ilots de chaleur ». Au-dela de ces premiers objectifs, la nature urbaine a egalement ete utilisee pour masquer une urbanisation capitaliste entrainant des inegalites sociales dues a une « gentrification verte » ou encore, elle a servi a propulser des entreprises technocratiques dans le cas des villes dites intelligentes. Dans ces imaginaires verts -favorisant les discours generaux a propos de l'urbanisme vert developpe aujourd'hui-la nature demeure toujours au-dehors, dans un etat idealise, prete a etre consommee. Et ces imaginaires eclipsent d'autres instances possibles, d'autres dynamiques et d'autres formes de participation publique. La nature est utilisee pour paci-fier, pour « mettre d'accord », car elle represente une valeur consensuelle, meme si en realite ce contexte urbain regorge de natures contestees qui appellent a la participation et a !'engagement du public.