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Le travail à l'ère des plateformes

Avec la transition numérique, le travail aussi est en révolution. Quelles sont les nouvelles formes d’emploi et de travail promues par les plateformes, quelles conditions de travail, de sujétion et/ou d’indépendance connaissent les travailleurs des plateformes?

Rendez-vous, Séminaire TransNum

Le 12 juin 2020, le séminaire TransNum propose d'étudier ces questions lors d'un séminaire en ligne.

Ces évolutions sont analysées en détail par Sarah Abdelnour, Anne Jourdain, Pauline Barraud de Lagerie, et Dominique Méda dans leur dernier ouvrage. Celles-ci sont-elles annonciatrices d’une évolution plus globale du travail dans nos économies? Qu’en est-il plus généralement du travail dit non qualifié, déqualifié? Comment retrouver la qualité au couer du travail? Laëtita Vitaud (auteure de Du labeur à l'ouvrage, 2019) et Didier Demazière (coordinateur du numéro special de la Revue Travail Emploi consacré à "La fabrication du travail non qualifié", Mai 2019) viendront apporter leur propre réponse à ces questions.

Programme

"Les nouveaux travailleurs des applis" par Sarah Abdelnour, Pauline Barraud de Lagerie, Anne Jourdain, Dominique Méda (maîtresses de conférence et professeure de sociologie à l'Université Paris-Dauphine)
Quels impacts les applications numériques et Internet ont-ils sur nos manières de travailler et sur nos statuts d’emploi ? En quoi le fait de commander un véhicule via une application plutôt que par téléphone constituerait la révolution que suggère le terme d’« ubérisation » ? Le passage en ligne de la commande de travail a fourni l’occasion à de nombreuses entreprises de contourner le code du travail, tout en leur offrant de nouveaux outils de contrôle des travailleurs.
Ces processus sont l’objet d’étude de l'ouvrage Les nouveaux travailleurs des applis, auquel ont contribué les intervenantes (au sein d'un collectif de chercheurs en sociologie et en droit), à partir d’enquêtes sur les chauffeurs de VTC, les micro-travailleurs ou encore les vendeuses et vendeurs d'Etsy. Ces contributions permettent d’envisager les plates-formes numériques non seulement comme une innovation technique, mais aussi comme un nouvel espace où modifier les règles du jeu en matière d’emploi et de travail. L'ouvrage est issu d'un programme de recherches financé par l'ANR, intitulé "Capla : « Fragmentation du travail, marchandisation du “travail-à-côté ” : le capitalisme de plateforme et ses impacts sociaux".
Les enquêtes présentées porteront sur les vendeuses et vendeurs d'Etsy et le déplacement de la frontière entre travail et loisir ; les micro-travailleuses et travailleurs et la marchandisation des temps interstitiels (enquête menée avec Luc Sigalo Santos) ; et les mobilisations des chauffeurs de VTC (enquête menée avec Sophie Bernard).

"Comment passer du labeur à l’ouvrage ?" par Laëtitia Vitaud (présidente de Cadre Noir Ltd, et rédactrice en chef de Welcome to the Jungle)
Après la désagrégation du monde du labeur qui a caractérisé le XXème siècle, un nouveau monde est peut-être en train d'émerger, celui de l’ouvrage. On y réinvestit les valeurs longtemps négligées de l’artisanat : indépendance du travailleur, maîtrise de son temps et de ses tâches, attention aux besoins de l’utilisateur final… et incertitude quant à l’avenir. On y voit apparaître de nouvelles manières d’être au travail. On y réévalue les métiers naguère méprisés du quotidien, bouleversant les hiérarchies et interrogeant les assignations traditionnelles de genre. Laëtitia Vitaud propose des pistes pour adapter le droit du travail, le management et les systèmes de protection sociale à l'émergence du monde favorable à l’ »ouvrage «.

“Du travail non qualifié à la non-qualification du travail. Au cœur du salariat ordinaire." par Dider Demazière (directeur de recherche, Sciences Po, CSO, CNRS) - participation à confirmer

Parmi les transformations du travail contemporain, le devenir du travail non qualifié occupe une bonne place et suscite des positions contradictoires. Mais qu’est-ce que le travail non qualifié ? La réponse ne peut être trouvée dans la recherche d’un ensemble de traits intrinsèques ou de propriétés stables qui permettrait de délimiter les contours du travail non qualifié. A rebours, l’approche privilégiée ici met l’accent sur la fabrication du travail non qualifié – une perspective qui a fait l’objet d’un récent dossier de la revue Travail et Emploi.On cherche alors à identifier, dans divers secteurs du salariat ordinaire, les processus aboutissant à des déficits de reconnaissance et de valorisation du travail. L’exploration de ces processus d’attribution de la non-qualification est réalisée à différentes échelles, depuis les situations concrètes de travail jusqu’aux régulations des systèmes d’emplois (marchés du travail) en passant par les mécanismes d’appariement, et sur différentes scènes impliquant de multiples acteurs et institutions qui participent aux processus de (non)reconnaissance.
Finalement, cette perspective conduit à préférer l’expression non-qualification du travail à que celle plus courante de travail non qualifié.

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