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Atlas multi-plateforme d’un mouvement social : le cas des Gilets jaunes

Pedro Ramaciotti Morales, Jean-Philippe Cointet, Bilel Benbouzid, Dominique Cardon, Caterina Froio, Omer Faruk Metin, Benjamin Ooghe, Guillaume Plique

Dans cet article, nous proposons de cartographier un mouvement social en ligne, et plus précisément le mouvement des Gilets jaunes, à travers différentes plateformes en ligne (Facebook, Twitter et YouTube). Notre objectif est double : établir l’atlas des activités des Gilets jaunes dans les groupes Facebook, et défendre une approche méthodologique qui mêle autant que possible les traces collectées sur différentes plateformes numériques d’autre part. Les groupes Facebook des Gilets jaunes constitueront notre poste d’observation privilégié du mouvement. Si l’examen du contenu des posts publiés sur Facebook, couplé à l’analyse des nombreuses méta-données attachées à chaque groupe nous permet de délimiter les contours de l’espace de revendication du mouvement et sa dynamique d’agrégation, nous exploitons les liens qui circulent dans ces mêmes publications pour diversifier les points de vue sur le mouvement. Ainsi, nous propageons depuis Twitter des orientations politiques calculées en fonction des personnes qui relaient telle ou telle URL sur la plateforme de microblogging. La façon dont les Gilets jaunes se réfèrent à des sources extérieures sur le web – qu’il s’agisse de sites web ou de chaînes Youtube – nous éclaire également sur leur relation aux médias. On s’appuie ainsi sur une caractérisation existante des grands médias de l’espace public numérique pour saisir leur rapport aux médias mainstream, militants (qu’ils soient de droite ou de gauche) ou à l’espace de la contre-information. L’analyse de ces pratiques montre que les Gilets jaunes construisent leur discours en s’appuyant largement sur des médias et des plateformes d’expression dites « alternatives » (auto-médias, vidéos, live, etc.). Globalement, nous faisons le constat d’une grande pluralité géographique, idéologique mais aussi de revendications hétérogènes et changeantes. Pour autant, une opposition au pouvoir institutionnel réunit nos groupes, qui cultivent également un rejet des modes de représentation du mouvement par les médias traditionnels.