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Numérisation de l’économie et phénomènes de polarisation du marché du travail

Cette séance de TransNum s'intéressera aux conséquences du passage à l'ère du digital dans le monde du travail.

Rendez-vous, Séminaire TransNum

Salle du LIEPP, 254 Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris

Le passage à  l'ère du digital peut se comprendre comme une révolution industrielle  soit une série d’innovations technologiques associée à de nouvelles  pratiques et à de nouveaux modèles d’affaires. Comme toute révolution  industrielle, elle passe par une phase de destruction de l’existant, qui  transforme profondément le monde du travail en développant de nouveaux  secteurs d’activité et de nouveaux emplois.
Le séminaire s'intéressera particulièrement aux conséquences de cette  phase qui détruit principalement les emplois du milieu (en terme de  qualification ou de rémunération) tandis qu’elle permet la création  d’emplois soit très bien rémunérés (dans les high tech, services à haute  valeur ajoutée), soit peu rémunérés et précaires (dans les services  interpersonnels notamment).

Programme

“Les nouvelles inégalités du travail: pourquoi l'emploi se polarise”  par Grégory Verdugo (Chercheur associé, OFCE)
Les polarisations des salaires et des emplois sont apparues au début des  années 1980. Les inégalités se sont creusées dans l’ensemble des pays  développés, mais pas avec la même ampleur, ni la même vitesse. Dans  quelques pays, la polarisation de l’emploi ne s’est pas accompagnée de  celle des salaires. Nous présenterons d'abord les principales causes de  la polarisation, en particulier le progrès technologique, et  soulignerons la singularité de la France où les écarts de salaires ont  reculé constamment depuis les années 1970. Dans une seconde partie, nous  discuterons des conséquences des capacités toujours plus grandes des  ordinateurs et de l’intelligence artificielle qui alimentent la peur  d’un futur où les machines, robots intelligents et autonomes,  s’approprieraient la plupart des emplois, rendant le travail inutile.  Paradoxalement, pour d’autres auteurs, nous avons au contraire atteint  la fin du progrès. Pour ces pessimistes, les prochaines révolutions  technologiques n’auront que peu d’effet sur la croissance et la  productivité et elles seront moins créatrices d’emplois.
 

“Les conséquences politiques de la polarisation des  emplois”  par Bruno Palier (directeur du LIEPP et chercheur au CEE,  Sciences Po)
L’automatisation, la numérisation et les logiciels intelligents  remodèlent fondamentalement la structure de l’emploi des sociétés  postindustrielles. La littérature existante en science politique n’a pas  suffisamment mis en relation les implications sociales du changement  technologique avec les disruptions politiques contemporaines. Le fait  que ce soient les lower middle classes qui sont le plus fortement  impactées est d’une importance cruciale. Les personnes occupant un  emploi routinier constituent un groupe important et actif  électoralement, doté de tous les moyens nécessaires à la participation  politique. Leurs perspectives de plus en plus sombres sur le marchés du  travail créent une demande de protectionnisme social, culturel et  économique. Les partis socialement conservateurs en général et les  partis populistes de droite en particulier ont reconnu le potentiel  électoral représentés par les lower middle classes menacées, et  s’adressent à leurs angoisses.
 

“La grande séparation: la ségrégation au travail dans dix  pays” par Olivier Godechot (Directeur du MaxPo et chercheur à l’OSC,  Sciences Po)
Grâce à une base de données administrative reliant employeurs et  employés, nous étudions l'évolution de la probabilité de travailler dans  le même établissement pour des groupes définis selon plusieurs  dimensions socio-économiques - salaire, profession, éducation, âge,  sexe, statut migratoire - dans dix pays: Canada , Danemark, République  tchèque, France, Allemagne, Hongrie, Japon, Norvège, Corée du Sud et  Suède. Nous constatons que le changement le plus dramatique est  l'isolement professionnel croissant des salariés les mieux rémunérés et  la diminution de leur exposition aux salariés aux revenus les plus bas,  et inversement. Nous examinons ensuite certaines des conséquences de la  séparation croissante au travail sur la cohésion sociale. Nous  constatons que la ségrégation résidentielle se développe également, bien  que plus lentement que la ségrégation au travail, les revenus les plus  élevés vivant dans des municipalités différentes de celles des  travailleurs à revenus moyens et les plus bas. La ségrégation au travail  et la ségrégation résidentielle sont corrélées. Nous montrons que la  première contribue à la deuxième.
 

Intervention de Lionel Marie (Membre CGT du Conseil d’Orientation pour l’Emploi)
Ayant participé à la réalisation des trois rapports “Automatisation,  Numérisation et emploi” du COE, Lionel Marie interviendra en  contrepoint, à l’aune des défis et opportunités identifiés dans ces  diagnostics du marché du travail.

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