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(Dé)patrimonialisations et méthodes numériques

Le 1er février prochain, le séminaire du médialab accueille Marta Severo, professeure des universités en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris Nanterre. Elle présentera les possibilités nouvelles qu’offre le numérique pour répondre à l’étude des récentes controverses patrimoniales.

Rendez-vous, Séminaire de recherche

Résumé

Les statues des esclavagistes sont-elles des éléments du patrimoine à transmettre aux générations futures ou s’agit-il de symboles racistes qui doivent être délégitimés et déboulonnés ? Aujourd’hui, ce genre de question n’est pas seulement débattu par les professionnels et les institutions, mais aussi dans les médias et les espaces publics. D’une part, chacun peut s’exprimer sur ce qui doit ou ne doit pas être considéré comme patrimoine, notamment sur le web et sur les réseaux sociaux. D’autre part, seules les institutions peuvent reconnaître ce qui est patrimoine à travers l’établissement de listes et inventaires officiels. Après la mort de Georges Floyd, des manifestations citoyennes contre les violences policières et, plus généralement, les injustices raciales ont surgi dans le monde. Rapidement, la contestation a également pris la forme d’un bilan culturel à travers une vague de démolitions de monuments et de vandalisme du patrimoine lié au colonialisme et à la ségrégation. Ce mouvement ne concerne pas seulement les citoyens, mais aussi les institutions. Dans certains cas, les institutions ont accepté de supprimer ces symboles liés au colonialisme et à la ségrégation. Dans d’autres, les manifestations visaient des statues qui, selon les institutions, ne pouvaient pas être enlevées, car elles restent des symboles importants du passé. Face à ces événements, quelle est la bonne décision à prendre par les institutions ? Accepter la volonté des citoyens de défaire le patrimoine ou défendre la valeur patrimoniale de ces objets telle qu’elle est reconnue dans les inventaires officiels ?

Les données numériques offrent l’opportunité sans précédent de tracer ces controverses patrimoniales en prenant en compte non seulement les documents officiels (conventions, listes, plans de gestion et autres documents institutionnels), mais aussi les actions et les arguments des acteurs non institutionnels enregistrés sous forme de traces web (pétitions en ligne, presse en ligne, Wikipédia, médias sociaux, etc.) Dans cette communication, nous allons explorer l’intérêt d’employer des méthodes numériques venant de la recherche sociale numérique et des humanités numériques pour construire une nouvelle approche à l’étude des controverses patrimoniales 

Biographie

Marta Severo est professeure des universités en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris Nanterre et membre junior de l’Institut Universitaire de France. Elle est membre et directrice adjointe du laboratoire Dicen-IDF. Les pratiques participatives et contributives en ligne, les représentations du territoire par les données du web, l’analyse des médias sociaux et la visualisation de l’information figurent parmi les thématiques de recherche qu’elle développe. Elle a obtenu plusieurs financements (en particulier le projet ANR COLLABORA sur les plateformes contributives culturelles). Elle a récemment publié la monographie L’impératif participatif. Institutions culturelles, amateurs et plateformes (2021). En 2019, elle a rejoint le conseil scientifique d’Open Edition.

Informations pratiques

Séminaire en ligne ouvert à tous sur inscription : s'inscrire